top of page

Paris Rive Gauche

​                        Quelques années après avoir développé le Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme de 1976, la ville de Paris a commencé à étudier le réaménagement possible d’un secteur industriel abandonné au sud-est du centre de Paris.  Il s’agit du secteur dénommé aujourd’hui, Paris Rive Gauche, situé dans le 13e arrondissement. 
 

Historique

​

                        Ce quartier bordant la Seine sur 2,7 km ne faisait pas parti de la commune de Paris jusqu’en 1860, avec l’arrivée de l’enceinte de Thiers qui l’engloba.  À cette époque, il s’agissait d’une grande zone agricole.  Au 19e siècle, ère industrielle, les terres se transformèrent en usines de toutes sortes.  Le chemin de fer traversant tout le secteur a été inauguré en 1840 et apporta la prospérité pendant plusieurs années dans le quartier.  En 1860, plus de 120 usines sont en fonction.  En 1920, l’arrondissement se peuple beaucoup grâce à l’arrivé d’Habitations à Bon Marché (HBM).  Cependant, le quartier est très inhospitalier en raison des nombreuses usines et la misère règne. Le quartier, jadis tant prospère, se voit dépérir et les usines ont complètement cessées leurs opérations dans les années 70.  Le secteur est alors une zone industrielle délaissée, qualifiée d’inhabitables et même d’infranchissable par la présence des nombreuses voies ferrées.  Ce secteur ferroviaire créait une certaine limite entre la ville de Paris et son accès au fleuve.  La population devenant plus grande, la ville cherchait de l’espace pour loger tous ces gens, sans aller s’étaler en banlieue.  Ce secteur aux parcellaires vastes représentait l’endroit parfait pour y aménager un nouveau quartier à l’intérieur de la ville de Paris.

​

                        C’est en 1988 que les études pour l’urbanisation du secteur ont réellement débuté.  La création de la Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) Paris Rive-Gauche en 1991 a permis au projet de débuter, le tout mené par la Société d’Étude, de Maîtrise d’Ouvrage et d’Aménagement Parisienne (SEMAPA).  Ce projet de réaménagement est le plus gros chantier réalisé dans la ville après les projets urbains Haussmanniens.  L’immense chantier de construction débuta par la construction de la Bibliothèque Nationale de France, en 1991. 


Le programme


                         Le désir de requalification de ce secteur est venu par la recherche d’un équilibre dans l’Est parisien en ramenant des emplois et des équipements publics aux limites de la ville.  Il fallait également établir un lien entre la Seine et le 13e arrondissement, qui était entravé par les voies ferrées.  Il y avait un grand besoin de franchissement de ses voies par le tissu urbain résidentiel dans le but de pouvoir répondre aux besoins de logements d’une population grandissante.  Il fallait réaliser un quartier où la mixité des fonctions permet une autonomie, une indépendance face au centre de Paris.  L’histoire architecturale du quartier par ses anciens bâtiments industriels devait être préservée tout comme les notions de développement durable étaient au cÅ“ur des préoccupations. 


                          D’ailleurs, les acteurs du projet ont élaboré une charte environnementale.  Cette charte inclue la réduction des rejets d’eau dans La Seine ainsi que l’assainissement de l’eau, la gestion intelligente des déchets sur le chantier de construction, la prévention de la pollution des sols, la diminution de la place de l’automobile dans le quartier en favorisant les modes de transports doux et le transport collectif, la réduction du bruit par une insonorisation efficace des immeubles et une planification rigoureuse des usages des bâtiments voisins et finalement l’aménagement d’espaces verts, que ce soit des plantations d’alignements, des jardins privés ou des jardins publics.

​

La ZAC est séparée en quatre grands secteurs :


1. Austerlitz (Gare)
2. Tolbiac (Bibliothèque Nationale de France)
3. Masséna (Universités)
4. Bruneseau

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

                    

​

                    Chacun des secteurs a été développé par des architectes coordonnateurs différents, choisi lors de concours.  L’épine dorsale du projet, le grand boulevard commercial qui traverse le quartier en entier, soit l’Avenue de France, a été conçu par l’architecte Paul Andreu.  Son emprise est de 40 mètres et inclut deux grands trottoirs de chaque côté ainsi qu’un terre-plein central  réservés aux piétons et aux cyclistes.  Une voie d’autobus est réservée de chaque côté et il ne reste qu’une seule voie pour les voitures.  L’architecte a déterminé les principes de bases de l’avenue pour ensuite laisser les architectes des autres secteurs l’habiller, mais de façon à ce que le tout soit harmonieux.  La perméabilité du secteur est remarquable.  Chaque rue a une connexion avec les avenues et boulevards principaux.  De plus, chacun des quatre quartiers a une liaison avec l’autre rive par des ponts.  La bibliothèque est également reliée directement au parc de Bercy par la passerelle piétonne Simone-de-Beauvoir.

​

                    Dans le but de reconnecter le 13e arrondissement avec La Seine, plus de 26 hectares de voies ferrées ont été recouvertes d’une dalle dans le but de les enfouir pour construire au-dessus et laisser un plan libre.  Le projet n’étant pas encore tout à fait complété, au final, il y aura 10 hectares d’espaces verts, 74,5 hectares de bureaux, 40,5 hectares de commerces et activités, 66,5 hectares d’équipements publics et 58,5 hectares de logements.  Il s’agit d’un secteur plutôt dense (128 unités par hectare), où les habitations se retrouvent dans des tours de différentes hauteurs.  Du fait qu’il ne s’agisse que de tours d’habitations, il est difficile de différencier les habitations des tours à bureaux par exemple.  On y retrouvera 7500 logements dont 6000 logements pour familles et 1500 logements pour étudiants.  La moitié de toutes ces habitations sera du logement social.   Le secteur accueillera quelques 20 000 habitants, 60 000 travailleurs et 30 000 étudiants, professeurs et chercheurs.

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

                   Le plus grand secteur et également celui qui laisse la plus grande liberté d’expression aux architectes est Masséna, coordonné par l’architecte urbaniste très reconnu, Christian de Portzamparc.  Ce dernier a conçu le plan de masse et les principes de bases et a laissé à d’autres architectes la conception des bâtiments afin de garantir une diversité et la richesse du secteur.  Ces différents architectes ont été sélectionnés lors de concours où Christian de Portzamparc est membre du jury.   L’architecte a positionné les grandes entreprises ainsi que les commerces le long de l’Avenue de France et les habitations dans des îlots ouverts, autour d’un jardin public.   Portzamparc est d’ailleurs reconnu pour la conception des îlots ouverts de ce secteur.  Il s’agit d’ouvrir les îlots à l’air et à la lumière dans le but d’offrir multiples points de vue aux promeneurs.  Les immeubles sont conçus autour de jardins intérieurs privés qui servent également d’axe de circulation.   Cette conception offre une lisibilité importante dans le quartier.  Il est possible de lire le secteur au complet en se retrouvant dans le jardin des Grands Moulins, au centre.  Une telle conception offre également plus de liberté aux architectes des bâtiments car plutôt que d’avoir un seul bâtiment en barre qui englobe tout l’îlot, celui-ci contient plusieurs bâtiments séparés.  Ainsi, le quartier s’y trouve plus métissé.

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

                  Masséna, déjà qualifié de quartier Latin, a comme thème l’université dans la ville.  Autour du Ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, on retrouve, entre-autre, une halte-garderie, deux crèches, une école primaire, un collège, l’une des plus grande université de France soit l’Université Paris Diderot (Paris 7), L’Université de Chicago, L’École Nationale Supérieure D’Architecture Paris Val-de-Seine, L’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), le musée national du sport ainsi qu’un centre d’art (Bétonsalon).  En fait, il s’agit d’un pôle culturel et intellectuel, un quartier d’affaire chic avec une grande activité économique.

​

                  C’est dans ce quartier que l’on retrouve la plus grande quantité de bâtiments industriels réhabilités.  Cela crée une mixité avec des bâtiments modernes et anciens qui apporte, encore une fois, de la richesse.  Ce sont les Universités qui se sont approprié ces immeubles.  Par exemple, l’ancienne Société Urbaine de Distribution d’Air Comprimé (SUDAC) a été requalifiée par l’architecte Frédéric Borel pour les locaux de l’École d’Architecture ouverte en 2007.  Les anciens Grands Moulins ainsi que la Halle aux farines ont été convertis par les architectes Rudy Riciotti et Nicolas Michelin en 2006 pour l’Université Paris Diderot. 
 

                  Selon les prévisions, au final, le projet représentera un investissement de 3,2 milliards d’Euros, répartis sur plus de vingt ans de travail.  L’achèvement est prévu pour 2015.  Le projet se veut en fait un secteur entièrement indépendant et autonome face aux autres quartiers, tout en étant connecté facilement et rapidement avec la Gare d’Austerlitz et les autobus.   Face à ce constat, on peut avancer que ce projet a tout probablement influencé les idées de base du Grand Projet de Renouvellement Urbain (GPRU) arrivé en 2002.  D’ailleurs, grands nombres de projets dans le GPRU proposent la restructuration d’anciens secteurs industriels en bordure de la ville comme Paris Nord-Est ou encore Porte Pouchet.  Ce projet a certainement été une inspiration pour les suivants.

bottom of page