
Le Grand Paris
Du grand projet de renouvellement urbain à la consultation internationale
Jusqu’en 1860, le 17ième arrondissement n’était pas une des communes qui partage le territoire de la ville de Paris. Ce territoire était exclu de la ville parisienne par la fortification de Thiers qui avait été construit en 1840. Cette enceinte se trouvait à l’emplacement actuel du boulevard périphérique. Elle était longée par les quartiers de Batignolles, des Épinettes, de la Plaine Monceau et la région de Ternes. Avec la démolition de la fortification, le nom de l’ancienne porte qui servait de lien entre l’intérieur et l’extérieur de la ville resta pour renommer cette partie du 17ième arrondissement; la Porte Pouchet.
La Porte Pouchet est composé de plusieurs secteurs. Elle est l’un des secteurs les plus touché par le GPRU qui a été mis en place en 2002 dans le 17ième et cela pour plusieurs raisons. Ce secteur demande une remise en forme complète de l’urbanisation sur des problèmes touchant tant la composition de la ville, du système viaire, de la composition démographique, qu’économique et sociale. Un portrait sera dressé de cette portion de la ville afin de mieux comprendre les enjeux et missions à atteindre par l’établissement de ce grand programme d’urbanisation.
AUTO-PORTRAIT DE LA PORTE POUCHET
La population
La porte Pouchet compte un total de 9 700 habitants couvrant une superficie de 45 hectares; 215 habitants à l’hectare. Elle présente une inégalité sociale de grande envergure. La région présente d’ailleurs un taux de chômage très élevé de près de 23 % ce qui entraîne en soit des familles à faibles revenus. Ces familles vivent avec moins de 930 $ CAN pour le mois. De plus, comme si le portrait n’était pas assez précaire, beaucoup de ménage dans ce secteur sont soit des familles monoparentales et/ou les parents se voit sans diplôme afin pour obtenir un bon emploi. Le milieu qui en résulte laisse malheureusement penser à un quartier tel que celui de St-Sauveur à Québec qui est grandement défavorisé.
L’emploi
Le secteur a été longtemps occupé par plusieurs industries qui ont laissé la place à de développement d’habitation. Ce réaménagement urbain résidentiel a apporté beaucoup de ménage sur le territoire de la Porte Pouchet. Le tissu commercial est également peu dense avec 95 commerces pour 10 000 habitants. Seules 92 boutiques sont implantées dans le quartier; on notera néanmoins la présence de deux supérettes/ supermarchés. Malgré le faible nombre de commerces, le taux de locaux vacants est plus important avec 15% contre 11% à Paris. Ce constat se transpose par le haut taux de chômage. Dans le cœur de la région parisienne, le taux d’emploi à l’hectare atteint 153 emplois pour Paris et de seulement 71 / hectare pour Pouchet.
Les services
Le secteur propose un nombre important d’équipements en faveur de la jeunesse et la petite enfance, on recense entre autres six écoles primaires, huit équipements en faveur des adolescents. Le quartier bénéficie de la présence de nombreux équipements sportifs (environ dix) dont quatre gymnases et deux bassins écoles. Par contre, les structures en faveur de l’emploi sont absentes du secteur. On notera également la présence du cimetière des Batignolles comme principal espace vert du quartier. Mais malgré tout cet éventail de services, aucune structure, aucun lien entre ceux-ci ou polarité n’est réellement présent dans la ville afin de les lier et de donner accès au plus grand nombre d’habitant un accès rapide.
L’habitation
Le parc de logements sociaux est très important à la Porte Pouchet puisqu’il représente 64% des logements contre 14% à Paris. Plus de la moitié des logements (51%) ont été construits avant 1948, 46% entre 1949 et 1981. Depuis 1999, le nombre de logements dans l’arrondissement reste stable; il est passé de 102 859 à 102 000 en 2005.
Le transport
Le réseau de transport de Paris s’est établi pendant plusieurs années sur le modèle de l’automobile. Une des grandes réalisations de ce modèle a été l’avènement de celle-ci par la construction du boulevard périphérique. Donc, ce quartier qui comprend un système viaire bien établis pour l’automobile, est principalement composé de moyens de transport en commun qui sont bien établis afin de répondre à la précarité de la situation de la population. La preuve, la Porte Pouchet présente une multitude de transport alternatif tel que une desserte SNCF (gare Saint-Lazare), deux liaisons RER (lignes A et C) et quatre lignes de métro (lignes un, deux, trois et treize). La desserte métropolitaine est limitée à dix-huit stations et quatre lignes pour un arrondissement de 567 hectares (17ième arrondissement) sans oublier les transports en autobus. Ce maillage très serré donne une accessibilité plus que souhaitable à tous les habitants.
CONSTAT D’UNE URBANISATION PROBLÉMATIQUE
Boulevard périphérique
Lors de sa création au milieu du 19ième siècle, l’enceinte de Thiers entourant la ville servait de protection et enclavait le secteur. Lors de son démantèlement et de la construction du boulevard, cet effet d’enclavement et de solitude du secteur n’a pas été éradiqué et le développement de la ville s’est vu formé d’une franche industrielle et étanche entre deux quartiers résidentiels attachés à cette artère.
Rue Piere Rebière
La rue Pierre Rebière est un axe dans le quartier où se trouve bien des commerces pour les commodités quotidiennes de jour mais présente une tout autre facette le soir venu. Ce coin de quartier se voit enclavé entre des édifices sociaux et le cimetière Batignolles. Cet axe de circulation est très peu fréquenté ce qui entraine un taux d’errance élevé et d’activités illicites telles que la drogue et même la prostitution. Ces activités sont dues au manque de surveillance de quartier vu le délaissement de l’espace vert du cimetière face au bâti. Également, le manque de circulation donne l’occasion à la ville de se re-questionné sur la raison de la présence de cette rue dans le quartier ainsi que la possibilité de reconsolider le quartier par l’ajout d’immeuble à logement.
La Barre Borel
La barre Borel est un édifice, au même titre que la tour du Bois-des-Prêtres, date des années cinquante et offre malheureusement des logements de piètre qualité tant en terme de confort, de lumière ainsi que de service. Due à ses aspects, une reconversion de l’îlot Borel est mise à l’ordre du jour du GPRU du quartier Pouchet. De plus, cet îlot comporte une mixité d’usage tel que la fourrière municipale, qui apporte un lot de bruit et de nuisances autant de jours que de nuit. L’îlot ne comporte aucun espace vert. Il semble être un projet déposé au milieu d’un ensemble complètement incohérent.
Structure des services
Simplement de dire l'expression "structure des services" est une grande ambiguïté puisque le quartier n'en possède aucune. Les services tant au niveau communautaire, récréatif, quotidien ou encore de protection (incendie, police, etc.) se retrouvent éparpillés dans le quartier. Plutôt que de polariser certains services ensemble, ces services sont morcelés à l'intérieur de la ville rendant la tâche au résident plus difficile afin de rallier ces points de services pouvant être complémentaire. Une certaine restructuration soit sur un axe ou par pôle devra être planifiée sur ce quartier afin de corriger ce défaut.
NOUVEL URBANISME POUR LA PORTE POUCHET
Le système viaire
L’une des premières interventions importantes sur le système viaire effectué est la transformation du boulevard périphérique en viaduc à la hauteur du cimetière des Batignolles. Ce changement majeur dans l’infrastructure autoroutière permettra de désenclaver le secteur de la Porte Pouchet afin de l’ouvrir vers les quartiers de Clichy et de St-Ouen. Ce grand geste permettra de créer un passage, une place mais principalement une connexion d’espaces verts sur le Parc F. Mitterrand de St-Ouen. Ces grands espaces verts avec ceux du cimetière des Batignolles, jugé d’ailleurs comme espace culturel et sensible par les autorités du secteur, créent une très grande promenade piétonne et cycliste menant jusqu’à la Seine. De plus, cette connexion verdoyante crée un nœud de circulation à cet endroit. Les concepteurs du quartier prévoit la mise en place de service dans des ensembles pavillonnaires sous le boulevard et créé une grande place publique. Cette même place publique est juxtaposée à une voie de circulation importante, boulevard du Bois-des-Prêtres, qui créée une perméabilité avec le quartier de Clichy avec sa connexion routière directe. Fait à mentionner, cette perméabilité est renforcée par la mise en place ou plutôt l’agrandissement du parcours d’autobus qui desservira maintenant le secteur Clichy; jusqu’à maintenant délaissé par les autobus dû à l’effort de contournement du boulevard.
Suite à la transformation du boulevard périphérique, la rue Pierre Rebière est également dans la mire des planificateurs du secteur. Cette rue quelque peu malfamée, tel qu’énoncé plus haut, sera re-planifié afin de remplir et occuper des friches de terrain laissées à l’abandon. Parallèlement au cimetière des Batignolles, cette rue à double voie laissait une friche de terrain non utilisée et qui n’était pas nécessaire pour ajouter une qualité à l’espace vert du cimetière en plus d’ajouter un entretien supplémentaire à la ville. Suite à des négociations entre les différentes autorités, cette friche fut cédée à la ville afin d’effectuer du développement d’habitation. Cette friche n’étant pas assez large, une restructuration du réseau routier s’est planifiée afin de libérer du terrain pour la construction. Cette restructuration se résume par l’enlèvement partiel de la rue Rebière. La première moitié de la rue est supprimée pour faire place à une promenade piétonne (voir trait jaune) desservant les habitations de part et d’autres. La seconde moitié de la rue est transformée en voie à sens unique qui rejoint le boulevard du Bois-des-Prêtres (voir trait rouge). Au niveau du piéton, cette restructuration n’offre aucun changement et la fluidité du parcours est toujours la même. Pour ce qui est de l’automobile, ce changement offre des détours supplémentaires, par contre dans l’optique où le transport en commun est très développé dans ce secteur et que les villes veulent mettre l’accent sur celui-ci, c’est un mal souhaitable dans la planification.
Repolarisation des services
Les services étant très dispersés dans le quartier, le nouveau plan du GRPU offre une ligne directrice afin de mieux polariser autour des nœuds du réseau de transport ou du moins à proximité. L’aménagement de la barre Borel et de la place Pouchet avec le parc linéaire créé un nœud (cercle vert) important pour les interactions, les passages et la mise en place de commerces, bureau, équipements, etc. Autour de cette place très publique, tel que présenté sur ce plan, s’articule bien des services. Un des premiers est le garage des TAM annexé à la caserne incendie et au stade. Donnant directement sur la place Pouchet (cercle vert), des commerces de divers types et des bureaux et un hôtel sont établis à proximité direct du transport d’autobus. La place Pouchet devient donc une plateforme d’articulation animée par une architecture contemporaine contrastante avec le quartier environnant et devient un secteur phare du projet. Cette articulation vient animer d’ailleurs le quartier par ce nœud de transport servant d’ancrage et qui dessert une multiplicité d’activité et d’occupation diverses repérables facilement visuellement. L’architecture contemporaine utilisée n’est pas seulement un élément phare à titre de contraste, mais aussi de personnalisation des édifices afin d’offrir des lieux uniques. Cette unicité passe par des concepts architecturaux personnels des architectes, mais qui intègrent des concepts d’écologie qui deviennent un lien indissociable entre le parc linéaire, mais aussi entre les différentes unités eux-mêmes.
Composition de l'habitation
Le quartier est composé à 100% de logement de type locatif. Ces logements sont établis principalement dans deux typologies; la barre et la tour d’habitation. Dans le secteur de la Porte Pouchet, l’un des endroits retenus pour améliorer le logement est la barre Borel; elle est juxtaposée à la future place publique qui voisine également le boulevard périphérique. Cette barre d’habitation comporte 45 logements de différents types. La planification prévoit, dû à l’âge de l’édifice et de son entretien qui a été délaissé, la démolition du 2/3 de l’édifice afin de permettre une reconstruction complète de 30 nouveaux logements (voir sections bleu foncé). L’îlot Borel s’articule sur quatre côtés sur une forme trapézoïdale. Le côté donnant sur le boulevard Bois-de-Prêtre est laissé ouvert donnant sur une cour intérieure de l’îlot. Les façades sur les voies Nouvelle Nord et Nouvelle Borel donnent des fonctions supplémentaires à l’îlot. En plan, nous pouvons voir en jaune l’addition d’un hôtel déposé sur une barre commerciale (en brun en coupe) et en rouge, des bureaux locatifs. Ces deux axes ajoutés deviennent des remparts intrinsèques du projet afin de protéger du bruit et du public les habitations à proximité de la nouvelle place et du boulevard périphérique. D’ailleurs, cet ajout de fonction permettra de faire une distinction spatiale entre le public et le privé par ce bâti servant de filtre. En termes de hauteur, les nouvelles barres de fonctions sont modulées selon les principes d’éclairage naturel pour donner suffisamment de lumière à la barre d’origine Borel et ainsi que pour la cour intérieure. Pour ce qui est du bâti secteur d’habitation, il est reconditionné en partie et reconstruit sur les principes de logement de type hôtelier (soit chaque porte donnant sur un corridor commun). L’aménagement intérieur est également revu pour un agrandissement majeur soit de 57 m2 vers 74 m2 et même 92 m2 dans certain cas. Cet ajout de superficie est attribuable notamment à l’ajout d’un jardin d’hiver par l’extérieur de l’enveloppe de l’édifice. La fenestration en bandeau qui était typique de l’époque du projet des années 50 délaisse ses dimensions typiques vers une fenestration de type plancher/plafond afin de maximiser l’éclairage vu que les logements n’offrent qu’une seule face éclairée. Pour ce qui est de l’esthétique du projet en général, les acteurs du projet se font vagues et les informations soumises par les autorités sont filtrées et plus souvent qu’autrement, elles sont de type programmatique sur l’îlot Borel.
L’îlot de la barre Borel rénové au même titre que la tour du Bois-des-Prêtres à partir d’une esthétique beaucoup plus actuel s’établissant sur des principes d’habitation qui ont toujours été d’actualité pour Paris (la barre et la tour) redonnera un souffle au quartier par leur distinction architecturale. La position de l’implantation des volumes s’élaborent sur les mêmes principes présents dans Paris par l’établissement en périphérie du quadrilatère. Ce principe crée donc une barrière sur le monde macro (quartier) pour donner un petit univers aux résidents (micro) afin qu’ils aient une privacité dans un environnement côtoyant énormément les espaces publics. De plus, la place Pouchet créée sous le boulevard périphérique créera un square de réunion, visible par le boulevard du Bois-des-Prêtres, du parc linéaire F. Mitterrand et le cimetière des Batignolles. Ce point focal d’articulation dans le quartier crée une perméabilité visuel, créé des interactions entre différentes fonctions tel que les commerces, hôtel et les logements. Cette interaction créée entre la place, les équipements publics et les commerces un véritable pôle de réunion, un phare d’activité, dans le secteur afin de l’organiser. Le réseau automobile et d’autobus du système viaire combinés avec la promenade d’espace vert et le réseau de transport en commun tel que le métro et le tramway superpose un maillage de transport tissé serré qui dessert efficacement le secteur qui présente une forte densité de population, d’autant plus qu’il attirera par cette promenade, la population des autres quartiers tel que Clichy et St-Ouen. Malgré cette coexistence de transport, chacun des modes est bien divisé par une implantation propre à chacun et des éléments signalétiques qui leur sont identitaire. Cette implantation permet de diviser le piéton de la rue où le système viaire créé une barrière, lui permettant l’accès à un réseau de service utilisable et pratique dans la vie quotidienne. L’annexion de certain service permet également de libérer des espaces supplémentaire pour d’autres services et créé des liens plus étroits entre ceux-ci afin de créer des polarités sectorielles.
Finalement, la planification du GPRU qui est mise en place est basée sur des principes afin d’améliorer la situation économique par un renforcement des services et la création d’emploi dans le secteur et en amenant un nombre supplémentaire de résident. Ces deux aspects sont amenés par la reconsolidation du bâti par une modification de l’implantation et la mixité des fonctionnalités au niveau des équipements de la ville, des commerces, des bureaux, des hôtels et des logements. Le système viaire est aussi un facteur important avec la modification du boulevard périphérique qui désenclave le secteur sur St-Ouen et Clichy donnant une perméabilité sociale, économique, d’espace vert et du transport. Le GPRU retouche entièrement cette section de la 17ième agglomération pour le mieux-être des résidents du secteur pour bien des années à venir.
















Sur cette même rue, ce réaménagement libère de
nombreux terrains fonciers pour les promoteurs. Une première estimation au projet prévoit près de 190 logements supplémentaires dans le secteur seulement pour cette rue. Actuellement, ce projet a été donné aux architectes qui y vont de leur concept afin d’offrir de nouveaux logements (voir illustration ci-dessous) pour créer une série de petits bijoux architecturaux.
Cette bande de pertinence, le long du cimetière des Batignolles, devient un élément visuel important puisqu’il sert de ruban servant à localiser la place Pouchet. Elle n’offre pas une règle de distinction entre les unités mais un fort contraste avec les édifices existants autour de ce quartier. Étant également adosser à des axes piétonniers moins utilisés que ceux vue, tels que le boulevard Bois-des-Prêtres, le réseau de transport reste simple avec des promenades de type trottoir juxtaposées d’espaces verts séparant de la rue. Cet espace permet une belle séparation entre les deux modes de circulation. De plus, le rythme de l’implantation des édifices permet de créer un filtre de bâti entre la promenade piétonne et le cimetière par les insertions d’espaces verts.
Secteur de la Porte Pouchet