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                        Le secteur Paris nord-est représente le plus vaste projet d’intervention du GPRU. À lui seul, il prévoit des interventions sur plus de 200 hectares. Les interventions visent à restructurer la zone parisienne sertie principalement entre la Porte de la Chapelle et la Porte de la Villette. Le secteur actuel est fortement aménagé par de grandes infrastructures dites plus industrielles et comporte un nombre d’habitants assez faible (13 000 habitants). Alors, l’intervention prévoit densifier le secteur en y intégrant des installations pour une population supplémentaire de 15 000 personnes. Il mise sur le développement d’un secteur mixte qui sera composé à la fois de milieu résidentiel, d’espace à bureaux, et de divers équipements pour répondre aux besoins de la population. Le tout en y intégrant de nombreux espaces verts et publics. C’est plus de 1,3 million de mètres carrés d’aménagements neufs ou réhabilités qui sont prévus. En fait, c’est de développer une certaine centralité urbaine, économique et récréative par ce projet de transformation. Pour parvenir à atteindre les objectifs énoncés par les autorités concernées, plusieurs projets s’insèrent à travers cette vision d’ensemble de Paris Nord-Est afin de réorganiser ce vaste espace. Le tout vise à offrir l’image d’un secteur urbain complètement repensé.


La carte ci-dessous démontre la vision d’ensemble du secteur :

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Entrepôt Macdonald


                            Bien que plusieurs interventions de ce secteur puissent être analysées, la partie qui suit présente un projet faisant partie intégrante des principes du GPRU. Il s’agit de l’entrepôt Macdonald, le plus long bâtiment de la ville de Paris. Avec ses 617 mètres de longueur et 80 mètres de largeur, il représente un défi de taille en termes de reconversion. Le projet prévu dépasse les limites du simple bâtiment. C’est la reconversion d’un immeuble de trois niveaux en un quartier urbain, c’est de dire que l’on construit véritablement la ville sur et dans l’entrepôt. Avant même d’entrer plus en détail dans le projet, il est important de faire un survol sur des caractéristiques de ce bâtiment existant. Ce bâtiment destiné au départ à accueillir la société nationale des chemins de fer français a été conçu par l’architecte Marcel Forest (spécialiste des grands bâtiments industriels) et la construction a été achevée en 1970. Il représente une richesse patrimoniale de Paris pour plusieurs raisons, autant pour ses dimensions exceptionnelles, pour sa rigueur constructive que pour le dessin de sa façade et l’originalité des planchers champignons qui représentent une époque et l’ambition d’un architecte. Lorsque l’on parle de rigueur constructive, on fait allusion à sa structure régulière en béton puisque Marcel Forest a prévu dès le début de la conception de l’entrepôt, une structure beaucoup plus résistante que nécessaire. En fait, il est mentionné que la structure permet que l’on ajoute cinq étages supplémentaires au bâtiment sans avoir besoin d’apporter des correctifs à la structure existante. C’est donc dire que le concepteur de l’entrepôt avait prédit ou envisagé une transformation ou une évolution pour ce bâtiment.

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​                           La société par actions simplifiée Paris Nord Est (SAS) est devenue propriétaire de l’entrepôt en décembre 2006. Moins d’un an plus tard, soit à la fin d’octobre 2007, la société a lancé une consultation d’architectes coordonnateurs pour sélectionner l’agence qui chapeautait la reconversion de l’entrepôt. Le choix s’est arrêté sur l’agence OMA (Rem Koolhaas et Floris Alkemade). La raison de ce choix est liée au fait que le projet présenté par l’agence exprimait une forte ouverture sur des espaces publics. Même si le choix de coordination du projet s’est arrêté sur une seule firme, elle n’en est pas pour autant la seule impliquée dans le projet. En effet, il rassemble plusieurs équipes d’architectes qui vont Å“uvrer sur différentes parties du bâtiment. Toutefois, la tâche de concevoir le « Masterplan » est laissée à l’agence OMA.


Le «Masterplan» élaboré par OMA avait des objectifs clairs (SEMAVIP 2009, p.21) :


- Réaliser la programmation établie par la Ville de Paris dans le cadre du GPRU Paris-Nord-Est
- Rendre l’îlot perméable et permettre notamment le passage du tramway entre le boulevard Macdonald et la future  

  gare Eole Evangile située au sud (actuel arrière) de l’entrepôt
- L’inscrire dans le processus de requalification du boulevard Macdonald et de ses rives (ZAC Claude Bernard)

- Valoriser le patrimoine architectural de l’entrepôt


                         Les objectifs démontrent clairement toute l’ampleur de la reconversion. Ce n’est pas juste d’apporter une nouvelle construction sur l’immeuble, c’est l’occasion de repenser tout le milieu qui entoure celui-ci, que ce soit pour les transports en commun, pour la perméabilité du milieu urbain ou encore pour donner, au secteur, un caractère à l’échelle humaine. En plus de tous ces objectifs, le projet envisagé comprend un programme corsé et varié. La lecture du programme permet aussi de constater que c’est bien plus qu’un développement résidentiel qui est prévu, mais c’est un quartier complet en terme de services offerts. En d’autres termes : « Il s’agissait de trouver un équilibre entre l’échelle métropolitaine du lieu (qualifiée de XXL par l’architecte François Leclerc) et une démarche d’aménagement durable et responsable. » (SEMAVIP, 2012)

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​                        Le programme mixte prévoit, une superficie totale de 165 000 m² shon (le shon est  une unité de mesure de superficie des planchers pour les projets immobiliers) répartie ainsi :


- Une superficie pour le résidentiel de plus de 74 000 m²
   (cela représente l’intégration de plus de 1000 unités dont 50% sera consacré à des logements sociaux et 25% à 
des

  logements locatifs et 25% à des logements en accession)
- Une superficie pour les bureaux de 25 000 m²
- Une superficie pour les commerces de 32 000 m²
- Une superficie pour les activités de 16 000 m²
- Une superficie pour des équipements publics de 18 000 m² (école, collège, gymnase, garderie, centre social, etc.)


                         En plus de toute cette mixité des usages, le programme prévoit l’intégration d’une multitude d’espaces publics ainsi qu’un stationnement souterrain sur deux niveaux pouvant accueillir plus de 1 300 véhicules. Il est important de mentionner que ce programme est dédié uniquement à l’espace délimité par l’entrepôt actuel, à ces dimensions s’ajoutent plusieurs mètres carrés qui viennent compléter le secteur d’études. Bref, le projet prévu totalise plus de 230 000 m² de bâtis. Il représente un vaste îlot à la fois perméable, dense et animé.


Le schéma qui suit illustre parfaitement la mixité des usages intégrée au bâtiment.

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​Transport et perméabilité


                       Un tel projet ne peut être complètement viable si on ne tient pas compte du transport. Le grand nombre de personnes habitant ou utilisant le site en raison des services qui y sont proposés fait en sorte qu’un bon système de circulation doit y être joint. Ainsi, avec la restructuration du site de l’entrepôt Macdonald, le transport en commun sera renforcé. On y prévoit l’implantation d’une nouvelle gare de RER E nommée Eole Evangile (une station pour le réseau ferroviaire régional de l’Île-de-France). On y verra même l’intégration d’un tramway qui longera le bâtiment du côté du boulevard Macdonald et qui traversera littéralement l’entrepôt.

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                                ​L’axe tracé en rouge représente le passage le plus important permettant

                                une perméabilité du tissu urbain

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                       L’entrepôt représente un long espace infranchissable sur le plan urbain. D’ailleurs, certaines personnes comme le groupe SEMAVIP (société d’économie mixte de la Ville de Paris) qualifient le bâtiment existant comme « un vrai mur » et aussi comme « une coupure urbaine ». Le « masterplan» élaboré par OMA fait en sorte d’établir une perméabilité du tissu urbain. Il prévoit en fait quatre voies de passages piétonniers qui permettront de désenclaver le site et ainsi il sera possible de traverser le bâtiment de 617 mètres de longueur tout en développant un nouvel axe nord-sud fort qui permettra de relier la nouvelle gare Eole Evangile avec le boulevard Macdonald. La barrière physique que représente le bâtiment sur le site est alors complètement transformée par la simple insertion de ces passages. L’un de ces axes de circulation représente un espace plus important, puisque c’est pour permettre le passage du tramway au cÅ“ur du bâtiment et ainsi desservir en transport en commun ce nouveau développement. Il est possible de penser qu’une telle intervention est viable étant donné le nombre d’unités d’habitation intégrées ainsi que la mixité des usages qui assurent un flot constant de personnes sur le site. En plus de créer une coupure dans le bâtiment pour le passage du tramway, cela a été l’occasion de développer une vraie place publique plus grande que nécessaire. À tout cela, s’ajoute une vaste esplanade le long de la façade sud du bâtiment permettant de relier le bâtiment au boulevard Macdonald, celle-ci couvre une surface de 8,5 mètres de largeur sur une longueur de plus de 600 mètres. Elle offre une qualité sur le plan du design urbain et elle permet de joindre l’utile à l’agréable en insérant un trottoir piétonnier en bordure du boulevard tout en intégrant des surfaces minérales qui dynamisent l’espace public. Cette esplanade permet d’accentuer la perméabilité de ce côté du site. L’état actuel du lieu ne comporte aucun lien entre le bâtiment et l’axe de transport que représente le boulevard. Bref, tout le site a été repensé en fonction de la circulation pour donner beaucoup d’espace aux piétons et même pour les cyclistes.

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Un îlot dense :


                          Afin de résumer simplement les idées fortes de l’agence OMA, on pourrait dire que celles-ci s’édifient autour de la surélévation de l’entrepôt et la création d’une cour centrale. Alors, bien qu’il a été mentionné précédemment que la structure existante de l’entrepôt permettait d’ajouter plusieurs étages supplémentaires à l’immeuble, le projet prévoit l’addition de 5 étages au bâtiment existant, ainsi aucune modification majeure ne doit être apportée à la structure. Celle-ci est assez résistante pour supporter le poids de cet ajout. En fait, ces étages supplémentaires représentent en termes de proportion à doubler la hauteur actuelle de l’entrepôt. Cela s’insère dans la vision de départ du concepteur du bâtiment qui voyait son projet comme non terminé. En plus de tout cela, un fort potentiel visuel permettant de créer des vues sur le centre de la ville de paris a été pris en considération dans la conception générale de ces étages supplémentaires.


                         De plus, afin d’obtenir un bon niveau de densité et une bonne qualité de vie pour les habitants, une partie de l’immeuble existant est évidée en son centre pour faire place à une cour intérieure qui servira d’espace collectif vert pour les logements. Il est évident que cette intervention est nécessaire vu la taille du bâtiment. Cela représente une superficie de 34 000 m² de verdure inséré au cÅ“ur même du bâtiment. Afin d’avoir une zone d’habitation viable et de dimensions raisonnables, il faut respecter un certain gabarit. Le fait de créer cette zone collective extérieure au centre du bâtiment rend l’intégration du programme possible. Cela permet de réduire la profondeur des nouveaux étages et ainsi une diversité résidentielle et de bureaux peut facilement s’y insérer en raison de la volumétrie et des agencements possibles. Les unités résidentielles comportent, en autres, des logements traversant, d’autres sont en angles et ont deux surfaces qui sont en contact avec l’environnement extérieur. Grâce à la cour intérieure, les unités d’habitations bénéficient de nombreuses qualités. Entre autres, elles peuvent profiter de l’ensoleillement qui est apporté au centre du bâtiment ainsi qu’à l’intérieur des unités d’habitation. Puis, une autre notion importante à intégrer est celle du public et du privé. Par les façades du bâtiment et la cour intérieure, on développe un avant et un arrière à chacun des logements.


                        Le schéma qui suit explique graphiquement, le processus de conception formelle utilisé par OMA pour la reconversion de l’immeuble.

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​                        La coupe ci-dessous exprime la diversité des fonctions du bâtiment. Le rez-de-chaussée sera exclusivement consacré aux commerces où une perméabilité avec le site sera créée ainsi, ils seront facilement connectés avec l’esplanade développée devant le bâtiment. Tandis que les niveaux supérieurs sont consacrés aux espaces de bureaux et aux logements profitant ainsi de la cour intérieure qui y est intégrée. De plus, tous les programmes ont leur accès au rez-de-chaussée. Les fonctions situées sur la façade nord ont leur accès sur cette même façade et la même chose est réalisée pour la façade sud.

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​Qualité architecturale :


                        L’idée de base qui a orienté l’architecture du complexe est le patrimoine et l’historique industriel du bâtiment datant des années 1970. Le but est de respecter le volume existant. Afin de respecter l’identité architecturale, la hauteur du bâtiment a été doublée. Ce faisant, cela permet aussi de conserver les visions de départ du concepteur de l’immeuble dans les années 1970, qui voyait son bâtiment comme une Å“uvre non terminée. Marcel Forest voyait plus grand pour son bâtiment. En effet, il l’avait conçu pour être d’une plus grande hauteur. Toutefois, considérant la grande échelle du bâtiment existante l’agence OMA ne tenait pas à accentuer cet effet de grande échelle par l’ajout des niveaux supérieurs. Or, les concepteurs ont opté pour une échelle qui donne l’impression d’ajouter des fragments de ville sur le bâtiment tout en misant sur la personnalité de l’immeuble. Ce qui caractérise le plus cet immeuble est son horizontalité formelle. De cette façon, OMA veut étendre cette horizontalité sur les nouveaux étages créés au-dessus de l’immeuble existant.

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                     Les premiers étages, ceux qui constituent le bâtiment existant, sont interprétés dans la vision architecturale de OMA, comme le socle du nouveau bâtiment. À partir de cet élément, les bandes horizontales déployées aux étages se modifient. Celles-ci permettent d’affirmer les volumétries ainsi que le jeu entre les pleins et les vides. C’est alors qu’apparaît la notion de minéral versus les bandes de cristal. Les architectes ont ajouté à tout ce programme complexe des règles esthétiques réparties en deux catégories qui viennent guider la conception des différents volumes du bâtiment. Le minéral fait référence à des matériaux allant de la pierre au béton préfabriqué ou coulé, il ne fait toutefois pas allusion à des matériaux artificiels. Tandis que la notion de cristal fait référence au verre et aux panneaux métalliques. À travers se dynamisme formel et matériel les façades s’alternent afin que le langage général divulgue une grande richesse et variété architecturale. De plus, ce dialogue changeant des façades réinterprète la fonction mixte du bâtiment. La diversité est traduite, par les concepteurs, à travers la singularité des volumétries et surfaces. La variété permet ainsi de mettre en valeur l’horizontalité sans toutefois faire paraître le bâtiment comme un grand élément infranchissable et inadapté à la vie du quartier, mais plutôt en dialogue avec son milieu. Par l’architecture, on offre une vision forte de la façade du côté du boulevard Macdonald, tandis que du côté de la gare Eole Evangile on offre une architecture qui crée des fenêtres urbaines pour alléger la massivité des volumes et favoriser l’entrée de lumière au centre du bâtiment.

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                       C’est alors que pour bien exprimer cette personnalisation architecturale, la société par actions simplifiée Paris Nord-Est (SAS) a sélectionné quinze agences pour travailler sur l’œuvre architecturale du bâtiment. À travers cette diversité d’agences, le mandat de coordination a été donné à OMA. Des règles faciles à répondre et laissant de nombreuses possibilités ont été données aux différentes agences leur laissant aussi une grande liberté où cela était nécessaire. À travers l’apparence d’une ville animée par son architecture, on y ressent quand même une idée d’unité à travers la diversité.

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Espaces verts et exigences environnementales :


                       En plus de toutes les préoccupations diverses pour le projet, des notions environnementales y ont été intégrées. Les stratégies employées sont en lien avec la charte de durabilité mise en place par la société par actions simplifiée Paris Nord-Est (SAS). On a alors ajouté au projet des notions concernant la bioclimatique, la consommation énergétique, la lumière naturelle, la protection acoustique et finalement la gestion des eaux pluviales. Des toitures vertes, des bassins de rétention des eaux, des panneaux photovoltaïques ont d’ailleurs été intégrés au bâtiment. Bref, tous les aspects rendant le bâtiment plus durable y ont été ajoutés. Sur le plan de la durabilité, on peut aussi penser au fait que le bâtiment représente une reconversion; on construit à partir de l’existant pour créer une certaine compacité de la ville afin de revitaliser le quartier dans lequel il s’y insère.

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                      Au terme de cette analyse sur le projet de reconversion de l’entrepôt Macdonald, on peut y affirmer que les volontés de départ ont été bien développées et intégrées au projet. Le projet peut avoir des apparences complexes par ses dimensions, par son programme varié, par le nombre d’agences qui y ont participé, par contre une bonne gestion et communication entre les intervenants semble avoir pris naissance afin de mener à bien le projet. Celui-ci représente une mixité des échelles. Les concepteurs ont misé sur l’importance de la perméabilité du site sans toutefois négliger les différentes fonctions du bâtiment et les diverses qualités offertes aux usagers et aux résidents. Ainsi, on remarque par cette analyse que tous les éléments tant de petites que de grandes envergures cohabitent de manière harmonieuse, c’est ce qui fait la richesse de ce projet.

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Secteur Paris Nord-Est

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